Galbraith
"Les imbéciles sont tôt ou tard séparés de leur argent", par John Kenneth Galbraith
LE MONDE | 18.10.08 | 13h58 • Mis à jour le 18.10.08 | 13h58
Il est peu de points de repère plus couramment invoqués dans la vie que les "leçons de l'Histoire". Ceux qui ne la connaissent pas sont condamnés à la répéter. Mais les leçons de l'Histoire sont parfois d'une ambiguïté troublante, et tout spécialement peut-être en économie. C'est que la vie économique est engagée dans un processus continu de mutation ; ce qu'ont observé les savants du passé - Adam Smith, John Stuart Mill, Karl Marx, Alfred Marshall - est donc un guide incertain pour le présent ou l'avenir.
Si les facteurs déterminants sont les mêmes, cependant, les leçons de l'Histoire ont force de loi - elles sont même inéluctables. C'est le cas ici.
Prenons le risque de la répétition - la réénonciation de ce qu'on espère désormais évident -, et résumons ces leçons. Les facteurs qui induisent les égarements répétés dans la démence financière n'ont pas changé, pour l'essentiel, depuis la tulipomanie de 1636-1637 (la première bulle spéculative de l'histoire, fondée sur le commerce de la tulipe). Individus et institutions sont piégés par la merveilleuse satisfaction qu'on trouve à voir grandir sa fortune. Elle leur donne en même temps l'illusion de la puissance intellectuelle, elle-même protégée par le préjugé collectif notoire qui veut que l'intelligence - la sienne et celle des autres - soit proportionnelle à l'argent qu'on possède. La conviction ainsi ancrée produit l'action : on surenchérit, on fait monter les prix - dans le foncier, ou à la Bourse, ou encore comme tout récemment dans l'art. La dynamique de la hausse conforte l'intéressé dans son choix, elle lui prouve sa