Friedrich nietzsche
La pensée de Nietzsche peut être considérée comme une enquête naturaliste (dans un usage strictement philosophique du terme) sur l’ensemble des valeurs humaines (morales, intellectuelles, religieuses, esthétiques, etc.) que Nietzsche explique en termes d'instincts, d'affects et de pulsions (en allemand: Trieb); c'est également une critique (là encore au sens philosophique) de ces mêmes valeurs et une tentative pour les réévaluer3,4.
Un naturalisme méthodologique
Dans ses recherches sur le statut, naturel et culturel, des phénomènes humains, qui occupent ses œuvres de maturité à partir de Humain, trop humain (1878), Nietzsche adopte une forme de naturalisme qualifiée de méthodologique par certains commentateurs5 : par naturalisme, on entend l’idée que l’enquête philosophique doit se développer en continuité avec les sciences naturelles6. Cette interprétation s’appuie sur l'utilisation que Nietzsche fait d'auteurs tel que Wilhelm Roux, et sur des passages tel que :
« […] ce que l’on comprend aujourd’hui de l’homme n’excède pas ce que l’on peut comprendre de lui en tant que machine7. »
Mais ce qui caractérise particulièrement ce naturalisme, c'est le rejet de toutes les formes de « surnaturalisme » (moral ou religieux) qui placent l’esprit au-dessus de la nature et qui font de lui un principe explicatif des phénomènes humains par une causalité spirituelle (comme l’âme ou la volonté qui serait au principe de nos actions). Or, pour Nietzsche, l’esprit n’explique rien, et ce n’est qu’à partir des sciences empiriques que la philosophie peut spéculer sur la nature humaine et fournir des explications de tout ce qui est humain :
« Replonger l’homme dans la nature ; faire justice des nombreuses interprétations vaniteuses aberrantes et sentimentales qu’on a griffonnées sur cet éternel texte primitif de l’homme naturel […]8. »
Partageant avec le matérialisme allemand qui lui est contemporain l’idée que l’homme est un