France
Dans les sociйtйs premiиres l’acte du criminel est considйrй comme la violation d’une rиgle religieuse, d’un prйcepte moral ou la transgression d’un interdit du groupe social. La loi pйnale n’est pas dissociйe de la religion comme elle l’est aujourd’hui, dans la plu¬part des Йtats dйmocratiques ; la rйprobation collec¬tive qui entoure le crime n’en est que plus forte.
Dans la majoritй des sociйtйs contemporaines, le dйlit ou le crime, ainsi distinguйs suivant leur degrй de gravitй, sont des infractions а la loi pйnale. En outre, la plupart des sociйtйs dйveloppйes se refusent а impo¬ser а tous une morale dominante. Elles ne le pour¬raient d’ailleurs pas, car le « droit а la diffйrence » a gйnйralement remplacй 1’ « ordre moral ». On dit aussi que la sociйtй est pluraliste ou multiculturelle mais l’autoritй de la loi s’est, par voie de consйquence, af¬faiblie ; elle ne s’impose pas avec la mкme force а tous, car elle est plus ou moins bien acceptйe par cha¬cun. Cet йtat de choses n’est pas celui des Sociйtйs mu¬sulmanes dans lesquelles rиgne la Charia (Loi pйnale) ne distinguant pas le religieux et le laпque dans la vie sociale et dans laquelle la nature des crimes et dйlits est diffйrente.
Certes l’acte du criminel suscite des rйactions - sou¬vent violentes - de rйprobation ; il n’en demeure pas moins que dans les sociйtйs occidentales la dйlin¬
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quance, c’est-а-dire l’ensemble des crimes et dйlits constatйs par la statistique ou non dйcouverts, s’est largement banalisйe. De mкme cette dйlinquance s’est aujourd’hui diffusйe dans tous les milieux sociaux, mкme si elle prend des formes diffйrentes, selon ces milieux. La frontiиre entre ce qui est une infraction а la loi et ce qui est vйcu comme injustice est aussi par¬fois indйcise dans le vйcu des individus.
L’image du criminel a par voie de consйquence йvo¬luй. Elle n’est plus celle d’un кtre, nйcessairement