Francais
Soit elle est inutile et obsolète, non professionnalisante, soit elle sert l'injustice. C'est un élément de la culture bourgeoise. Ceux qui font profession d'écrire, d'enseigner la littérature, de se consacrer à la recherche littéraire en éprouvent parfois un sentiment de culpabilité. Sont-ils des survivances d'une époque disparue? Des bibelots de luxe qu'une société en crise n'a plus les moyens de s'offrir? Et après tout, que cherchent-ils? A quoi servent tous ces vieux bouquins? A ceux qui s'interrogent, souvent de bonne foi, sur leur utilité, il leur faut répondre, et répondre aussi clairement que possible à cette question complexe. J'aimerais proposer ici, en deux parties, une réflexion sur ce sujet. Je retranscris une conférence improvisée prononcée il y a quelques jours à l'université Paris III-Sorbonne nouvelle, à l'invitation du professeur Tortonese, en grève, à la place de son cours ordinaire«Je sais qu'il y en a qui préfèrent les moulins aux églises, et le pain du corps à celui de l'âme. A ceux-là, je n'ai rien à leur dire. Ils méritent d'être économistes dans ce monde, et aussi dans l'autre. Y a-t-il quelque chose d'absolument utile sur cette terre et dans cette vie où nous sommes? D'abord, il est très peu utile que nous soyons sur terre et que nous vivions. [...] Ensuite, l'utilité de notre existence admise a priori, quelles sont les choses réellement utiles pour la soutenir? De la soupe et un morceau de