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En 1798, Thomas Malthus publie son Essai sur le principe de population. Convaincu que l'accroissement démographique représente une menace pour le monde, l'austère pasteur anglican prône alors l'abstinence sexuelle dans le but de limiter les naissances et d'éradiquer la misère.
Egalement persuadés qu'il faut maîtriser la natalité, les néomalthusiens vont, eux, défendre la libre maternité grâce aux méthodes anticonceptionnelles en plein développement : diaphragmes, capes utérines et autres.
En France, relayé par les anarchistes, le mouvement prospère jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Mais, accusés de pornographie par les conservateurs, les néomalthusiens font vite l'unanimité contre eux, dans un pays où l'heure est au repeuplement.
En juillet 1920, la Chambre des députés vote une loi qui réprime sévèrement l'avortement et interdit la vente de produits anticonceptionnels ainsi que leur publicité. Tandis qu'en 1916 ouvre aux Etats-Unis la première clinique de contrôle des naissances et que la notion de planification familiale gagne progressivement la Scandinavie, la Grande-Bretagne ou l'Allemagne, la France reste verrouillée par la loi.
Cependant, une gynécologue, mère de famille, va braver les interdits et oser évoquer la maternité volontaire devant l'Académie des sciences et de la morale. Soutenue par son époux, pédiatre éminent, Marie Andrée Lagroua Weill-Hallé fonde en 1956, avec Evelyne Sullerot, l'association Maternité heureuse. Leur objectif ? Porter le débat autour du contrôle des naissances sur la place publique et faire abroger certains articles de la loi de 1920.
Il faut néanmoins attendre 1961 pour qu'un autre gynécologue, le Dr Henri Fabre, ouvre, à Grenoble, le premier centre français du