Foi et raison
En passant du paganisme au monothéisme, puis, d'un univers tribal à l'administartion d'un immense empire, les arabes ont vécu en l'espace de quelques décennies un formidable bouleversement de leurs repères. Dès la deuxième moitié du 7ème siècle, ils affrontèrent des défis qu'ils n'avaient pas imaginés, à une échelle totalement nouvelle pour eux. L'Islam leur a imposé des obligations résonnées, fondées sur des principes de responsabilité personnelle et de solidarité volontaire. Il les place devant des dilemmes jusque là inconnus, à trancher selon leur conscience, sous le regard d'un dieu unique et omniprésent. Chaque croyant était incité à connaître la parole de dieu, éclairé par les enseignements du Prophète (saw), pour l'inspirer dans la conduite de sa vie. Il lui fallait donc apprendre à lire cette parole, à la comprendre, à l'interpréter face à des situations toujours changeantes. L'Islam exhortait ainsi tout naturellement le croyant à un effort de recherche et de raisonnement personnel, comme le lui prescrit le Hadith : “allez à la recherche du Savoir, s'il le faut, jusqu'en Chine”. Dès le lendemain de la mort du Prophète (saw), en 632, les musulmans ressentent le besoin urgent de collecter et de coucher par écrit ses paroles, d'après les témoignages directs de ses compagnons. Il a fallu aussi, à mesure que l'Empire s'élargissait pour englober d'autres religions – Christianisme, Manichéisme, Judaisme, ... - , que l'Islam élabore son propre discours théologique et qu'il édifie ses propres principes de droit. Cette immense entreprise, qui posait les fondements même de la cité musulmane, ne s'est pas faite dans le cadre dicté par l'autorité politique; elle a donné lieu, au contraire, à une libre recherche, à un libre débat auquel ont participé tous les croyants qui l'ont voulu. L'état était encore tâtonnant, et les chercheurs religieux tiraillés entre des exigences contradictoires. C'est pourquoi les divergences ont souvent mené à