Flexi Horaire Travail Et Inegalites Sociales 2006
Composite 150 lpp
45 degrØs
Conditions de travail et relations professionnelles
Flexibilité des horaires de travail et inégalités sociales
Laurent Lesnard*
La journée de travail classique (9 h-17 h) ne représente en 1999 qu’une petite majorité des journées travaillées. Depuis 15 ans, trois autres formes d’horaires se développent : les horaires décalés, les longues journées de travail et les horaires émiettés. Ces horaires atypiques vont souvent de pair avec une situation sociale désavantagée. Les salariés qui disposent d’une marge de liberté préfèrent nettement les horaires standard : les horaires atypiques sont par conséquent le plus souvent subis.
L
e nombre d’heures de travail et leur répartition dans la journée décrivent la dimension temporelle du travail. Jusqu’à présent, ces deux critères étaient considérés séparément. Depuis les années soixante, la durée du travail a diminué pour les ouvriers et les employés, alors qu’elle a augmenté pour les cadres (Gershuny, 2000 ; Chenu,
2001). En vingt ans, la flexibilité des horaires s’est accrue ainsi que la fréquence des horaires de travail atypiques (Bué et al., 2002).
Plus récemment, le passage aux
trente-cinq heures semblerait avoir accru la variabilité de la répartition du travail dans la semaine et le mois, selon Afsa et
Biscourp (2005) : « Environ 5 % des salariés des entreprises [du secteur privé] qui auparavant travaillaient le même nombre de jours par semaine avec les mêmes horaires, sont passés à des rythmes réguliers organisés sur des périodes plus longues que la semaine, ou ont vu leurs jours ou leurs horaires de travail varier de façon erratique […] De plus, l’ampleur de cet impact, tout comme la
nature du nouveau rythme instauré, varient selon la position hiérarchique du salarié, son secteur d’activité et la taille de son entreprise ».
Les enquêtes sur l’emploi du temps, menées en 1985/1986 puis en 1998/1999 par l’Insee permettent de collecter