FIL1
Redéfinir l'entreprise
La responsabilité sociétale des entreprises n'est pas sans difficultés ni limites, comme nous l'avons vu. Mais cela réside également dans le fait que nous nous trouvons confrontés à des incertitudes et des paradoxes.
4.1
Un changement de paradigme s'appuyant sur des champs cognitifs complémentaires
La théorie économique classique s'appuie sur le postulat de rationalité parfaite, autrement dit que l'agent économique a "un ensemble fini de solutions" et "un pouvoir de calcul et de traitement de l'information suffisant pour sélectionner la meilleure solution" [SIMON 55] et
[GONDRAN 01]. Dès 1955, SIMON explique que "les individus et les groupes simplifient les problèmes de décision car il leur est difficile d'anticiper et de considérer toutes les options et toutes les informations" : c'est la remise en cause du postulat de "rationalité parfaite" au profit de la "rationalité limitée" [SIMON 55] (cela fait écho à la rationalité imparfaite des agents économiques, abordée au cours d'un précédant chapitre). La complexité et l'incertitude de l'information en matière de développement durable illustrant cette rationalité limitée, implique l'organisation des savoirs entre les acteurs afin d'accéder à l'information la plus complète. Cependant, les processus de décision en matière de développement durable, concernent certes, ces processus de choix (des thématiques sur lesquelles travailler de façon prioritaire, des objectifs, …) mais également les processus d'élaboration de solutions entre acteurs concernés [CALAME 01] et [GONDRAN 01].
4.1.1
Quelques éléments théoriques
Le concept de paradigme est né avec les travaux de Thomas KUHN. Il définit un paradigme comme étant "un ensemble structuré de théories et de savoir-faire, acceptés par une communauté scientifique donnée" [KUHN 72]. S'inscrire dans un paradigme de pensée, c'est donc sélectionner des concepts maîtres de l'intelligibilité (ceux qui sont choisis et ceux qui sont rejetés) et déterminer