Figures féminines
Calypso, aux pernicieux pensers1
Calypso, appelée parfois nymphe, parfois déesse2, apparaît dès le premier chant de l’Odyssée, alors qu’Athéna l’identifie comme la responsable des malheurs d’Ulysse, celle qui le retient loin des siens3.
Le personnage de Calypso, comme son nom l’indique, est ambigu, c’est-à-dire fait de caractères positifs et négatifs. Son rapport à Ulysse l’est tout autant : elle lui est d’abord une aide puis un obstacle, ce qui fait d’elle, entre autres, une figure de l’ambivalence féminine, de l’aspect double du pouvoir féminin.
L’origine grecque du nom de la nymphe, kaluptein, signifie « cacher », « recouvrir » ou encore « la cacheuse », termes qui évoquent à la fois le mystère, la dissimulation, la protection.4 Cette diversité des aspects se reflète dans le comportement de Calypso, le rôle qu’elle joue dans le voyage d’Ulysse ainsi que dans les divers épithètes qui lui sont attribués par le poète.
En effet, Calypso recueille Ulysse après son dernier naufrage et la perte des derniers de ses compagnons :
« En vérité, je l’ai sauvé, moi, quand il était seul, à cheval sur la quille de sa nef. La foudre éclatante de
Zeus avait frappé et fendu sa nef rapide, au milieu de la mer vineuse. Alors le vent et les vagues, après l’anéantissement de tous ses compagnons, le portèrent dans ces parages. Je le traitai avec amitié, le nourris et lui déclarai que je le rendrais immortel et qu’il passerait ses jours sans connaître la vieillesse …5 »
Cependant, bien qu’elle lui ait été en ce sens d’un secours inestimable et que, selon les dires d’Ulysse luimême, elle le traitât comme un dieu, ce qu’elle souhaite vraiment, c’est en faire son époux, le garder auprès d’elle pour l’éternité, ce pourquoi elle use auprès de lui de « molles et trompeuses paroles », visant à lui faire oublier Ithaque. Ulysse, quant lui, ne goûte vite plus aux charmes de la nymphe et ne partage plus sa couche