feraoun
Mouloud Feraoun
La thématique de Mouloud Feraoun
Les thèmes récurrents chez lui sont ceux qui s’étaient imposés à sa production romanesque parce qu’ils représentaient le vécu collectif au village, les traditions et coutumes dont il a été marqué à vie et qu’il considérait comme un devoir de les rapporter fidèlement par l’écriture. Maintenant, avec le recul, l’œuvre de Feraoun a acquis une valeur inestimable en tant que peinture de la société à une époque déterminée de son histoire, celle de ses aïeux obligés d’émigrer pour faire vivre leur famille ou de gratter une terre ingrate qui ne donnait qu’avec parcimonie juste de quoi ne pas mourir de faim. Son père, pauvre, illettré, résistant, était comme tous ceux de sa génération. Il avait fait à pied un voyage de Tizi Hibel à Tunis avant de partir en France d’où il était revenu handicapé à la suite d’un accident de travail à l’usine. Tous les pères et chefs de famille ayant fait partie de l’univers de Feraoun se reconnaissent pleinement dans cette belle phrase de Tchekhov : «Nous travaillons pour les autres jusqu'à notre vieillesse et quand notre heure viendra, nous mourrons sans murmure et nous dirons dans l’autre monde que nous avons souffert, que nous avons pleuré, que nous avons vécu de longues années d’amertume, et Dieu aura pitié de nous.» Ces paroles traduisent parfaitement le drame de nos grands-parents qui n’ont connu de vie que celle au cours de laquelle ils ont trimé pour apporter une maigre subsistance aux leurs. C’est cette misère, cette lutte constante contre le froid, les vicissitudes d’une vie dure et imprévisible que Feraoun a immortalisées pour les générations futures. Emmanuel Roblès, qui a été son camarade à l’école normale, a été aussi celui par qui tout est