Faut-il perdre ses illusions ?
La recherche de synonymes au mot illusion nous amène à une somme de termes péjoratifs : chimère, aveuglement, fausseté, ... Ces termes nous montrent l'aspect préjudiciable à l'individu de l'illusion, et par là, la nécessité d'une désillusion. Cependant, d'autres termes autrement plus gratifiant, nous viennent à l'esprit : l'illusion n'est-elle pas, en quelque sorte la traduction du rêve, de l'espoir ? Cela nous mène à constater l'aspect indispensable de l'illusion comme motivation, dont le bonheur ne peut se passer. Ne dit-on pas par ailleurs, « l'Espoir fait vivre » ? Dès lors, une contradiction apparaît, qui légitime la question suivante : faut-il perdre ses illusions ?
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Ainsi pouvons nous noter, dans un premier temps, les effets néfastes de l'illusion, dont l'essence même se situe dans l'affectivité, les désirs de celui qui la conçoit. L'illusion constitue alors un prisme déformant, source d'aveuglement et d'impuissance face à la réalité. En effet, comment espérer changer une situation, une réalité trop dure que l'on refuse de voir, si l'on préfère le confort d'une situation imaginaire, donc illusoire ? Par ce comportement dévastateur, l'individu se ment, devient esclave de ses désirs, selon l'expression consacrée « prendre ses désirs pour des réalités ». La politique semble confirmer cette thèse sous bien des aspects, en s'appliquant toutefois au collectif et non plus à l'individu : l'illusion idéologique ou l'utopie par exemple. Ainsi, si l'utopie ou l'idéologie remet en cause la réalité, la corrigeant pour arriver à un idéal de perfection, de bonheur du plus grand nombre, ses effets n'en sont pas moins souvent dévastateurs. Ne parle-t-on pas souvent en politique, d'une réforme ou d'une gestion idéologique du pays, pour désigner un fonctionnement technocrate, qui ne prend pas en compte la réalité de la situation économique ? Si cette expression est couramment utilisée dans notre système démocratique actuel,