Famille pithou
Les Pithou furent une prestigieuse famille d’intellectuels troyens du XVIe et du début du XVIIe siècle. Grands humanistes, ils furent également directement confrontés aux questionnements religieux de leur époque et à la tragédie des guerres de religion. Leur exemple forme une étude de cas passionnante pour appréhender localement les enjeux de la Renaissance.
Nicolas (« Nicole ») Pithou, seigneur de Chamgobert (Troyes 1524 - Troyes
1598). Avocat issu du premier mariage de son père, il eut un frère jumeau, Jean, devenu médecin, dont il resta très proche toute sa vie et qui ne le quitta jamais. Les deux frères furent jusqu’à leur mort, de fervents adeptes de la religion réformée qu’ils découvrirent, raconte Nicolas, dans un manuscrit chiffré dérobé à un enseignant flamand. Jusqu’en 1560, ils vécurent leur foi de manière confidentielle, refusant la rupture avec les voisins, amis, parents, restés catholiques. En 1560, suite à une grave maladie, Nicolas décida de se retirer à Genève, pour pouvoir vivre sa foi en conformité avec ses croyances. Cette décision, lourde de conséquences, impliqua l’abandon des charges et responsabilités publiques, et la rupture des liens sociaux auparavant tissés. Il dut aussi confier à des personnes de confiance la gestion de son patrimoine troyen. A Genève, auprès de Calvin, mais aussi à Paris, auprès de la cour, il se fit le protecteur et le porte-parole de la communauté réformée de Troyes. Mais le déclenchement de la guerre civile et religieuse le contraignit à un exil prolongé (entrecoupé de quelques séjours troyens), d’où il assista au naufrage de cette communauté, anéantie par les abjurations, les fuites, les exils, les massacres, en dépit de quelques périodes de « temporisations ». Il garda toujours, nous dit-il, « les yeux tournés vers la ville de Troyes, et avait au nez le flair et l’odeur des andouilles de Troyes ». La Chronique qu’il rédigea alors peut paraître comme un véritable substitut à cette « bonne