Faire une bonne dissertation
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Au premier abord, il me semble que je suis le mieux placé pour me connaître. En tant qu'être conscient, j'ai le sentiment de savoir qui je suis, ce que je suis. En revanche, il m'arrive souvent de penser que les autres ne me comprennent pas, qu'ils ne peuvent avoir accès à mon intimité, et donc qu'ils ne me connaissent pas. Toutefois, ma subjectivité n'est-elle pas un obstacle à une connaissance objective de moi-même ? Quand je prétends me connaître, ne suis-je pas, au fond, de mauvaise foi ? Et s'il m'arrive de reconnaître tel ou tel défaut que j'ai, n'est-ce pas par complaisance ou pour le nier par cet acte même de sincérité ? En outre, à supposer que je m'efforce d'être le plus objectif possible, la simple conscience immédiate que j'ai de moi-même n'est-elle pas illusoire ? Nietzsche a su prendre la mesure de la difficulté. Dans Le Gai Savoir, il écrit « Combien de gens savent-ils observer ? Et, dans le petit nombre qui savent, combien s'observent-ils eux-mêmes ? "Nul n'est plus que soi-même étranger à soi-même ", (...) c'est ce que n'ignore, à son grand déplaisir aucun sondeur de l'âme humaine; la maxime "Connais-toi toi-même" prend dans la bouche d'un dieu, et adressée aux hommes, l'accent d'une féroce plaisanterie » (§ 335, trad. A. Vialatte, coll. Idées, Gallimard, 1950). Autrui est-il, pour autant, le mieux placé pour me connaître ? Il ne semble pas. Comment peut-il, partant de l'observation de mes comportements, avoir accès à mon intériorité ? N'est-il pas extérieur à moi, à ce que je ressens, à mes pensées les plus secrètes ? Rousseau nous raconte, dans Les Confessions, qu'accusé injustement d'avoir commis une faute, il découvre avec stupéfaction que son innocence n'est pas directement perceptible par les autres. En outre, comment autrui peut-il me connaître, s'il ignore la part d'étrangeté ou cet « autre » qui est en lui ? Ne risque-t-il pas de me voir tel qu'il souhaiterait consciemment ou inconsciemment que je sois ? Faut-il, dès lors, pour