Peut-on concevoir des limites à l’expérimentation humaine ?

La médecine a plus évolué pendant les 50 dernières années que durant les cinquante siècles précédents. Cette évolution a transformé le destin des hommes. Mais en même temps, elle a posé des questions morales nouvelles ignorées avant la révolution scientifique du XXème siècle.
La recherche fondamentale et ses applications thérapeutiques les plus louables ne peuvent, en biologie médicale pas plus qu'ailleurs, se passer de la technique expérimentale sur l'homme lui-même.
Quand Pasteur, au XIXe siècle, a inventé la vaccination contre la rage, il a expérimenté.
Seulement, si l'expérimentation est nécessaire, elle ne va pas sans risques pour l'individu.
Par conséquent, toutes les expérimentations, sous prétexte de faire progresser la science, ne peuvent être tentées ; nos relations à la vie, à la mort, à la sauvegarde de la dignité humaine se trouvent engagées. L’expérimentation humaine pose des questions du point de vue éthique : Jusqu’où peut-on aller dans une expérimentation humaine ? Peut-on concevoir des limites à l’expérimentation humaine ? Qui doit poser ces limites ?
Après avoir donné la définition de l’expérimentation humaine, nous montrerons qu’elle est le plus souvent nécessaire si on veut faire progresser la connaissance mais que des limites s’imposent.
Alors qu'au Moyen-âge il était interdit de toucher au corps car il appartenait à Dieu, la Renaissance ouvre la voie à l'expérimentation médicale. Mais qu’est-ce que l’expérimentation ? Le terme d'expérimentation apparaît pour la première fois chez Claude Bernard en 1834. Il le définit dans son Introduction à la médecine expérimentale "comme l'art d'obtenir des expériences rigoureuses et bien déterminées."L'expérimentation est le processus de construction de connaissances qui vise à mettre à l'épreuve, par des expériences répétées, la validité d'une hypothèse et à obtenir des données quantitatives permettant de l'affiner.