Expressions bibliques
Quand l’électricité avait été installée dans la courée, tous avaient crié : Alleluia ! Enfin, ils allaient pouvoir eux aussi se servir du pouvoir magique de l’interrupteur et prononcer les mots miraculeux : Fiat lux ! Certains des habitants étaient vieux comme Mathusalem, d’autres pauvres comme Job. Tous étaient venus s’installer là plaçant toutes leurs économies dans l’achat de leur petite maison, après avoir toute leur vie gagné leur pain à la sueur de leur front. Le petit couple du bout avait transformé son antre en une véritable arche de Noë : des chiens, des chats, des poules dans le jardinet, trois lapins, des canaris et autres roucoulants dans une petite cage métallique. Si quelqu’un dans le quartier voulait se débarrasser du dernier animal de compagnie, offert à Noël et devenu embarrassant, il venait les voir. Eux l’accueillaient gentiment et gardaient ensuite la petite bête. De leur vie, ils n’avaient jamais rien su refuser, ils avaient toujours dit amen à tout. Leur voisin de gauche était un monsieur un peu plus jeune. Il était arrivé là après une vie pleine de rebondissements. S’étant retrouvé au chômage assez jeune, il avait dû supporter une longue traversée du désert. Cependant il avait un jour reçu une lettre d’un notaire lui annonçant qu’il allait toucher un petit héritage. Oh la succession n’était pas importante ! Mais il l’avait accueilli comme une véritable manne et elle lui avait permis d’acheter cette petite maison où il pouvait couler des jours heureux. Sa voisine n’était pas aussi chanceuse. Elle n’avait que son fils dans la vie. Celui-ci ne venait jamais la voir et la malheureuse passait ses journées à pleurer comme une madeleine en l’attendant comme le Messie. Il lui téléphonait de temps en temps et lui promettait ironiquement : « Oui, oui, je viendrai à Pâques ou à la Trinité … » La pauvre ne comprenait pas qu’il se moquait d’elle car elle croyait tout ce qu’il lui