Exposé
Par Lahoussine EL HOUSSAINI
Professeur de l'enseignement qualifiant
Lycée Abdelkrim Al Khattabi, Agadir
el.houssaini@yahoo.fr
Lui-même émigrant et fils d'émigrant, puisqu'il est né à Tafraout (en 1942) alors qu'il a grandi à Casa auprès d'un père commerçant, en même temps qu'il a vécu l'exil en France, Mohammed Khaïr-Eddine n'a pas échappé aux empreintes de cette migration qui a marqué aussi bien son style amer que son tempérament « aigre ». En effet, il entame le chapitre préliminaire de son œuvre par un tableau de désolation frôlant la mort où la vie sauvage et hostile supplante des maisons de pierres sèches qui plus récemment encore grouillaient de vies humaines. Telle est l'impression générale que, à mon avis, crée l'écrivain. En archéologue au regard contemplatif interrogeant les pierres/ruines, il invite le lecteur-historien à s'interroger sur un passé gravé dans la pierre, indices du temps-espace qu'il faut réinterpréter.
Mais par effet de surprise, la réponse se dévoile lentement entre les lignes et la vérité s'installe. Il s'agit bel et bien d'une émigration presque massive des habitants du village vers ce que l'auteur appelle les villes du Nord. Et pour cause, comme le glissera le texte, des années consécutives de sécheresse aux conséquences chaotiques pour le bétail et pour une culture pour le moindre vivrière lesquels dépendent dans leur totalité de la clémence du ciel : l'eau.
Et pire encore, le départ pour le Nord, non seulement il vide les villages de sa population la plus active, mais crée la fissure. Un nouvel ordre social s'impose. En fait, les plus aisés rejoindront un parent solidaire dans un centre urbain pour exercer le commerce. Ils s'entasseront dans de petites maisons et travailleront très dur pour devenir « les parvenus », comme il convient de les appeler à Khaïr-Eddine. Leurs femmes, par manque d'activité,