Exemple d'une interview fictive au sujet d'un choix de mise en scène du misanthrope (molière)
C.T (metteur en scène): Le succès de cette représentation du Misanthrope au festival d'Avignon, au théâtre de l'Etincelle, s'explique, je pense, en partie parce qu'à la fois, elle répond aux attentes du spectateur lorsqu'il rentre dans la salle, et qu'aussi, elle le surprend. Répondre au souhait le spectateur est passé par le respect du texte, bien sûr, mais également par le respect du caractère de chaque personnage, particulièrement travaillé par Molière pour que le mélange des personnalités forme un plat riche qui fait la force de la pièce.
G.D (journaliste) : Par exemple ?
C.T : Arrêtons-nous en particulier sur le superbe duo que forment Alceste et Philinthe. Alceste, extraverti, libéré en paroles et en actes, un peu trop d'ailleurs, cela fait perdre de la crédibilité à ses discours très censés au sujet des apparences, des codes de la société et de l'hypocrisie, qu'il désapprouve. Alceste, joué par le jeune comédien de vingt-trois ans qui débute sa carrière dans le théâtre, que vous avez rencontré tout à l'heure. En face, Philinthe, son miroir négatif, sobre, strict. Il aime encore se cacher derrière les apparences, malgré son âge plus avancé. C'est d'ailleurs peut-être la sagesse, montrée dans notre société comme une richesse arrivant avec le temps, qui le force à devenir plus austère et plus grave. Michel Galabru, qui ne fait pas partie d'ordinaire de notre troupe, nous a fait l'immense honneur d'incarner ce Philinthe... Donc, Alceste et Philinthe forme un couple d'amis extrêmement proches, on ignore d'ailleurs d'où est née cette amitié entre deux caractères et deux âges si différents, mais ce qui nous importe sont les relations qu'ils entretiennent entre eux et vis-à-vis des autres. A savoir les femmes, la Cour, les Marquis...
G.D : D'ailleurs, cela a dû être difficile de gérer, ces appellations du XVIIème siècle dans l'oeuvre et inutilisées aujourd'hui...