HEM Rabat 2009­2010
Français

Examen oral
(Décembre 2009)

Texte 1 Si nous nous intéressons à la définition biologique de l'espèce, force est de reconnaître que le remplacement d'hommes petits par des hommes grands, d'hommes blonds par des châtains, d'hommes blancs de peau par des noirs de peau, n'a pratiquement aucune conséquence. Seule compte la définition fondamentale des individus que nous convenons d'appeler « hommes », des êtres capables de participer à leur propre construc tion , de ne pas se contenter du statut d'objets, de devenir des sujets. Ce qui importe alors n'est pas la couleur de la peau ou la forme des paupières, mais la capacité des environnements « humains », c'est­à­dire des cultures, à faire de chaque homme un sujet. Or, la civilisation moderne tend à faire de chacun de nous un objet, et même un objet satisfait de l'être.
Il suffit pour le constater de regarder les manifestations où l'enthou siasme collectif se déchaîne : lorsque 100 000 personnes s'enrhument dans un stade glacial pour regarder 20 ou 30 champions se disputer un ballon de cuir, ne sont­ils pas tous, acteurs et spectateurs, des objets manipulés, persuadés qu'ils participent à un événement, alors que tout cela n'est que dérision et insignifiance. Ils sont si éloignés de leur état de sujets qu'ils peu vent en venir à s'entretuer au moindre incident. Lorsque quelques conduc teurs de motos ou de voitures dépensent des fortunes et risquent leur vie, pour aller, sans autre raison que la vitesse, de Paris à Dakar, incapables de jeter un regard sur les paysages fabuleux qu'ils traversent, ne sont­ils pas des objets, si satisfaits de l'être qu'ils couvrent joyeusement