Examan la boite à merveilles
Région de Méknès Tafilalet - Juin 2008 Texte :
Un matin, nous nous préparions pour sortir, quand quelqu’un frappa à la porte de la maison. Il demanda si c’était bien là qu’habitait le maaleme Abdesslam, le tisserand. Les voisins lui répondirent par l’affirmative. Kanza, la chouafa, appela ma mère. - Zoubida ! Zoubida ! Quelqu’un « vous » demande Ma mère avait naturellement tout entendu déjà. Elle avait pâli. Elle restait au centre de la pièce, une main sur la poitrine, sans prononcer un mot. Qui pouvait bien nous demander ? Etait-ce un messager de bon augure ou le porteur d’une mauvaise nouvelle ? peut-être un créancier que mon père avait oublié de nous signaler ! la petite somme d’argent que mon père nous avait laissée avant son départ. Avait fondu. Les quelques francs qui nous restaient étaient destinés à l’achat de charbon. Enfin, ma mère répondait d’une voix qui tremblait légèrement : - Si quelqu’un désire voir mon mari, dis-lui, je te prie, qu’il est absent. Kanza fit la commission à haute voix à l’inconnu qui attendait derrière la porte de la maison. Un vague murmure lui fit écho. Kanza, pleine de bonne volonté, nous le traduisait en ces termes : - Zoubida ! cet homme vient de la campagne, il t’apporte des nouvelles du maalam Abdeslam. Il dit qu’il a quelque chose à te remettre. Ma mère reprit courage. Un sourire illumina sa face. - C’est exactement ce que je pensais, dit-elle en se précipitant vers l’escalier. Elle descendait les marches à toute allure. Pour la première fois de ma vie, je la voyais courir, je la suivis. Je ne pouvais pas espérer la gagner de vitesse. Quand j’arrivai dans le couloir d’entrée ma mère discutait déjà par l’entrebâillement de la porte avec un personnage invisible. L’ombre disait d’une voix rude. - Il va bien, il travaille beaucoup et met tout son argent de côté. Il vous dit de ne pas vous inquiéter à son sujet. Il m’a donné ceci pour vous. Je ne voyais pas ce qu »il remettait à ma mère par la