L’EUROPE EST-ELLE UN EMPIRE ?

W. KANDINSKY aurait très certainement pu s’inspirer de la complexité de l’organisation politique et économique de l’Europe pour ses œuvres. En effet, imaginez 50 pays répartis comme autant de drapeaux dans plus de 20 cercles représentant les différentes structures politiques et économiques ; cercles plus ou moins concentriques, croisés, juxtaposés… Le résultat ? Un mélange bigarré de couleurs dont l’harmonie ne tient qu’à une cohérence d’ensemble.

Parfois, l’Europe, entendue comme l’Europe économique et l’Union Européenne, est présentée comme un empire possédant une telle cohérence. Si l’empire est défini selon deux caractéristiques, à savoir : une autorité unique gouvernant les différents territoires et une puissance certaine ; aujourd’hui, affaiblie face au développement rapide de pays comme la Chine, la question se pose de savoir si l’Europe est aujourd’hui un empire.

L’Europe peut-elle continuer à concilier les Etats-Nation et leur identité nationale avec une identité européenne à l’autorité unique, tout en se voyant reconnaître les attributs de puissance à l’échelle mondiale ? Autrement dit, en Europe, unité dans la diversité et puissance sont ils compatibles ?

Malgré son mode de fonctionnement en gouvernance et son rapport posthégémonique aux autres puissances, l’Europe peut être considérée comme un empire normatif fragilisé néanmoins par l’utopie qui la sous-tend.

La première partie visera à démontrer que l’Europe peut-être comprise comme un empire normatif doté d’une certaine puissance sociale, économique et commercial. Puis, la seconde partie mettre en évidence les limites intrinsèques de cet empire liées au choix de l’influence plus que de la puissance.

La construction de l’Europe n’est pas une simple coopération internationale. Chacun des Etats a consenti sur une base volontaire et d’intérêts bien compris, à mutualiser une partie de ses prérogatives étatiques (monnaie et droit notamment). La