Lars Von Trier décrit dans un chaos, un univers où tout paraît irréel, un monde dans lequel la responsabilité est collective. Il s’agit d’une Europe, qui se désagrège, et dont les réflexes des vieilles peurs assaillent les peuples vaincus. En filmant comme un rêve éveillé et hypnotique, cette hantise d’une Europe qui se délecterait et se réfugierait dans ses vieux démons, le cinéaste danois dénonce cette chute vertigineuse dans l’horreur du fascisme grâce à la technique cinématographique. Elle implique, une fois de plus, le spectateur dans cette fiction cauchemardesque et fascinante comme une sorte de « métatropie » : « c’est à dire conquête d’un nouvel espace et d’un nouveau temps. » A partir d’un train que le publique ne quittera plus, le réalisateur dépeint un monde apocalyptique proche de Allemagne année zéro de Roberto Rossellini. Dans un univers, ressemblant à l’expressionnisme allemand, Europa dirige le destin tragique de personnages dignes des Damnés de Visconti. Il s’agit d’une mosaïque visuelle essentiellement noire et blanche semblable au Cabinet du Docteur Caligari. L’intrigue se déroule en 1945, un américain d’origine allemande, Léopold Kessler, arrive dans l’Allemagne du plan Marshall. Perdu, il sera manipulé par les mécanismes destructeurs de la guerre. Europa est un parcours terrifiant dans l’univers de l’œil. Des surimpressions et combinaisons d’images, véritable sémiologie complexe du plan cinématographique, trahissent un traumatisme esthétique de la conscience, embelli par une surenchère visuelle. Celle-ci repose sur le cauchemar et des fragments de