etudier corneille
Le duc de Florence, un débauché tyrannique, est craint et détesté par tous les habitants de la ville. Lorenzo, surnommé Lorenzaccio, a gagné la confiance du duc pour l’assassiner. Il lui a donné rendez-vous dans sa chambre, lui faisant croire que sa tante Catherine est prête à passer la nuit avec lui. Il est accompagné de son valet Scoronconcolo.
La chambre de Lorenzo. Entrent le Duc et Lorenzo.
Le Duc. – Je suis transi, – il fait vraiment froid. (Il ôte son épée). Eh bien, mignon, qu’est-ce que tu fais donc ?
Lorenzo. – Je roule votre baudrier1 autour de votre épée, et je la mets sous votre chevet. Il est bon d’avoir toujours une arme sous la main. (Il entortille le baudrier de manière à empêcher l’épée de sortir du fourreau.)
Le Duc. – Tu sais que je n’aime pas les bavardages, et il m’est revenu que la Catherine était une belle parleuse. Pour éviter les conversations, je vais me mettre au lit. – À propos, pourquoi donc as-tu fait demander des chevaux de poste à l’évêque de Marzi ?
Lorenzo. – Pour aller voir mon frère, qui est très malade, à ce qu’il m’écrit.
Le Duc. – Va donc chercher ta tante.
Lorenzo. – Dans un instant. (Il sort.)
Le Duc, seul. – Faire la cour à une femme qui vous répond « oui » lorsqu’on lui demande « oui ou non » cela m’a toujours paru très sot, et tout à fait digne d’un Français. Aujourd’hui, surtout que j’ai soupé comme trois moines, je serais incapable de dire seulement : « Mon cœur, ou mes chères entrailles », à l’infante2 d’Espagne. Je veux faire semblant de dormir ; ce sera peut-être cavalier3, mais ce sera commode. (Il se couche. – Lorenzo rentre l’épée à la main.)
Lorenzo. – Dormez-vous, seigneur ? (Il le frappe.)
Le Duc. – C’est toi, Renzo ?
Lorenzo. – Seigneur, n’en doutez pas. (Il le frappe de nouveau. – Entre Scoronconcolo).
Scoronconcolo. – Est-ce fait ?
Lorenzo. – Regarde, il m’a mordu au doigt. Je garderai jusqu’à la mort cette bague sanglante, inestimable diamant.