Etude sur le fragment, olivier cadiot
« L’équivalent de la maladie pour le corps est le fragment pour le texte » Pascal Quignard, Petits Traités II, T.VII, XLVème traité.
I. Quelle voix à l’œuvre dans le fragment ?
1- Une voix à distance ? La description à l’œuvre dans le fragment.
L’objectivité apparente. Enonciateur qui semble en retrait, voir absent ( bulles – maintenant – comme ça – ça fait du bien – c’est reposant – on dirait un reliquaire – au ralenti – vrr- la lumière baisse – nuit.) tournures impersonnelles (ça – c’est – on dirait) ou la brièveté du fragment se limitant à une onomatopée ou un mot. Le fragment semble alors descriptif, rendre compte de quelque chose d’extérieur : « bulles » texte 1 (décor aquatique) ou un son (« vrrr » texte 5.). Sa brièveté concentre l’objectivité de la description, en ne disant que ce qu’il y a voir, ou à entendre, ce sont des procès sans verbe, ce qui supprime toute subjectivité déictique et modale. le temps employé dans les fragments est le présent, presque atemporel, qui renvoie à une sorte d’énonciation désincarnée. Cette dimension de la description se note particulièrement dans les deux derniers fragments du texte 6,
2- Le fragment comme concentration de la subjectivité et du flux de pensées propres au monologue intérieur ? (statut de l’énonciation, plan de discours)
La subjectivité. Les points d’interrogation nous signifient fortement que nous sommes, dans les fragments comme ailleurs, voire plus qu’ailleurs, dans l’expression d’une subjectivité. Cette subjectivité s’affirme d’abord dans le recours, certes rare, du je ( je nage, je nage, je suis un corbeau). Néanmoins, il faut noter que les échos entre les textes, et les répétitions de fragments d’un texte à l’autre se cristallise dans cette phrase monoverbale qui dit l’action simultanée à l’énonciation. Mais la simplicité de cette phrase monoverbale, ainsi que sa dimension affirmative, qui semble uniquement informative, n’est pas la plus grande expression