Etude de texte « aube » de A. Rimbaud
Le titre de ce poème en prose de sept paragraphes et de quatorze phrases -- nombre correspondant aux quatorze vers d'un sonnet -- est une quadruple présomption d'isotopie :
1 ) aube : «première lueur du soleil levant qui commence à blanchir l'horizon» = aurore;
2 ) aube : «vêtement ecclésiastique de lin blanc», «longue robe blanche despremiers communiants» = vêtement (sacré);
3 ) aube : «palette d'une roue hydraulique» = instrument (profane);
4 ) aube : prénom de femme (comme "Aurore" ou "Dawn").
Les deux premières entrées du Petit Robert 1 partagent le sème de la "blancheur". "Aube" est en outre un anagramme de "beau".
Le poème peut être divisé en trois séquences :
I : deux premiers paragraphes;
II : troisième, quatrième et cinquième paragraphes;
III : deux derniers paragraphes.
Ce découpage a surtout l'avantage de préserver la symétrie du poème et il peut être justifié par la forme de l'expression, plus particulièrement par la morpho-syntaxe : dans les deux premiers et les deux derniers paragraphes, la première personne est associée à des temps de verbes différents de la troisième personne, alors que dans les paragraphes du milieu, il y a confusion des personnes et des temps de verbes, surtout dans le cinquième paragraphe.
Un rapide examen des figures linguistiques révèle deux grands champs sémantiques : le champ sémantique du PAYSAGE INANIMÉ, c'est-à-dire l'espace et le temps regardés ou sentis par la personne, et le champ sémantique du VOYAGE ANIMÉ de la personne du regardant. Le premier champ est celui des «coordonnées spatio-temporelles» (et de l'aube-aurore) et le deuxième champ est celui des «ordonnées intensives» (et de l'aube-vêtement, ainsi que de l'aube- femme). L'aube-instrument circule d'un champ à l'autre et constitue un véritable parcours narratif : à la fois un déroulement et un enroulement, un développement (dans l'atmosphère de la lumière) et un enveloppement (par les