Entretien avec anne copel, sept ans d'hiver
Écrit par aude lelande Samedi, 16 Janvier 2010 21:57 - Mis à jour Samedi, 05 Février 2011 13:29
drogues : sept ans d’hiver
entretien avec Anne Coppel par Aude Lalande, Vacarme, n°48, été 2009
Que se passe-t-il au juste sur le front des drogues ? Non pas la répétition figée d’une lutte entre États répressifs et associations antiprohibitionnistes, mais mille mouvements complexes, qu’une grille de lecture binaire ne permet pas de déchiffrer. Avancées et reculs, durcissements et concessions, expérimentations semi-clandestines et manifestations au grand jour : les enjeux politiques liés à l’usage de drogues ne se laissent pleinement saisir que si on en fait l’histoire avec précision. Anne Coppel est sociologue. C’est aussi une figure centrale du mouvement dit de « réduction des risques » qui depuis une vingtaine d’années creuse, sur la base de préoccupations sanitaires, des voies alternatives à la répression. Elle trace ici les lignes de cette histoire récente. En 2002 Sarkozy, arrive au ministère de l’Intérieur. C’est aussi l’année où vous publiez Peut-on civiliser les drogues ? [1] un ouvrage qui fait retour sur quinze ans de révolution patiente de l’approche de la question. Sept ans après, le paysage s’est-il redessiné ? On peut dire qu’il y a eu une vraie rupture. En 1998, la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) avait impulsé un tournant assez radical, pour ce qui est de la santé du moins, car la citadelle du ministère de l’Intérieur est restée fermée. Nicole Maestracci, qui la dirigeait alors, espérait qu’un consensus se construise sur la base d’une information scientifique. Pour la première fois, la MILDT a entrepris de « parler vrai » et de fonder la prévention sur la réalité des risques sanitaires. L’ambition était de mettre en cohérence les actions de réduction des risques, expérimentées depuis 1993 mais toujours marginales, et le dispositif de lutte contre