Enrochement dans les tableaux de Cranach l'Ancien
La nature rocheuse prend différentes formes, parfois indépendantes, comme si
Cranach redonnait vie à la nature inanimée. Quel rôle joue la nature rocheuse dans ses tableaux? Quel sens portent ses enrochements?
Après avoir regardé ses tableaux, on peut distinguer deux types d’enrochements. Tout d’abord, l’enrochement comme partie du paysage, du terrain réel.
En effet, dans le tableau le Jugement de Pâris le terrain où se déroule la scène est la rivière Elbe près de Schandau. Cranach représente les montagnes de Lilienstein et de
Rauenstein. Selon le plan (image 1), Cranach a choisi un meilleur point de vue (près du col
Breite Kluft) pour exécuter ses esquisses précises des montagnes mais le peintre prend quand même l’initiative de modifier certains détails: il a créé un château et ramené des fortifications d’autres côté d’Elbe sur la première roche.
On peut observer le même genre de démarche dans les tableaux de chasse que Cranach réalise. En second lieu, l’enrochement tient lieu de symbole mystique par sa propre forme.
Lucas Cranach l’Ancien n’avait pas toujours tendance à reproduire les paysages rocheux dans ses toiles, il leur donne une signification, ils deviennent porteur d’un sens. Dans ses tableaux représentant des madones les enrochements prennent la forme de montagnes. La montagne est l’endroit où la « Hiérophanie » et la « Théophanie » se manifestent: elle marque le passage entre le monde céleste et le monde terrestre. Ici la montagne se présente tout à fait comme la métaphore de la Vierge, elle apparaît comme un lieu inaccessible, entouré par des obstacles insurmontables : un