Enquête INSERM : Les violences sexuelles en France
Les violences sexuelles en France : quand la parole se libère
Nathalie Bajos*, Michel Bozon** et l’équipe CSF***
La proportion de personnes ayant subi des agressions sexuelles au cours de leur vie est mieux connue depuis quelques années grâce à plusieurs enquêtes scientifiques menées auprès d’échantillons représentatifs de la population. De l’enquête Enveff menée en 2000 à l’enquête CSF menée en 2006, les déclarations de violences sexuelles ont doublé. Nathalie Bajos et Michel Bozon nous en expliquent les raisons, qui tiennent principalement à ce que ces violences sont de moins en moins tues.
S
eule une petite minorité des agressions sexuelles font l’objet d’une plainte. Les enquêtes en population générale, qui abordent les faits du point de vue des personnes sans tenir compte de leur qualification juridique, sont donc une source privilégiée pour en connaître la fréquence, le contexte et les suites. L’enquête Contexte de la sexualité en France (CSF) de 2006 (voir encadré) a demandé aux personnes interrogées si elles avaient subi des attouchements sexuels, des rapports sexuels forcés ou des tentatives au cours de leur vie, comme l’avait fait six ans plus tôt l’enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff) [1]. D’une enquête à l’autre les déclarations d’agressions sexuelles ont doublé, alors que le nombre de plaintes enregistrées par les services de police et de gendarmerie est resté stable pendant la même période [2]. L’enquête de 2006 ayant repris les mêmes formulations que celle de 2000, une comparaison peut être menée entre les deux pour expliquer la forte augmentation des déclarations de rapports forcés (1).
Tableau 1 - Taux d’agressions sexuelles au cours de la vie par âge et sexe (%) âge à l’enquête 18-19
20-24
25-34
35-39
40-49
50-59
60-69
Ensemble
Tentatives de rapports forcés
Rapports forcés
Femmes
Hommes
Femmes Hommes
8,4
4,5
4,4
1,4
9,8
2,7
6,0
1,9
10,9
2,4