Enjeux et determinants de la mobilité social
1. Les enjeux de la mobilité
L’étude de la mobilité sociale consiste à s’interroger sur les destins sociaux et sur la capacité des individus à s’affranchir de leurs origines sociales. La question de la mobilité est donc en étroite relation avec celle du progrès de l’égalité dans les sociétés démocratiques.
On peut se situer du point de vue du recrutement social (« de quel milieu les individus sont-ils issus ? ») ou de la destinée sociale (« que sont devenus les fils de ? ») afin de saisir la part des déterminismes sociaux encore en œuvre dans nos sociétés. Si l’influence du milieu social d’origine pèse fortement sur les destins sociaux, on se trouve dans une situation de reproduction sociale prononcée : les sociétés sont plutôt rigides. A contrario, en l’absence relative de déterminisme, les sociétés seront plus fluides et en accord avec les principes méritocratiques et/ou d’égalité des chances.
L’analyse de la mobilité est ainsi au cœur d’une approche libérale des sociétés dans lesquelles les distinctions et les barrières de classes s’effacent : dans une société ouverte, libre, d’égalité des chances, les positions sociales sont accessibles à tous et sont, conformément à l’idéal méritocratique, distribués selon les compétences et les mérites, les efforts déployés par chacun dans la compétition économique. La « lutte des places » remplace la « lutte des classes ».
Il y a plusieurs formes de résistance à la dynamique d’ouverture des sociétés. D’abord, il n’y a pas d’égalité parfaite des chances. Ainsi, même dans les sociétés ouvertes, le poids de l’hérédité sociale doit toujours être mesuré. Par ailleurs, une société plus mobile n’efface pas le problème des inégalités : une société fluide n’est pas nécessairement moins inégale, mais une société plus fluide rend les inégalités plus tolérables.
Les résistances au changement peuvent provenir des individus d’eux-mêmes :