En quoi le suicide constitue-t-il un problème proprement moral ?

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En effet, les dimensions non-morales du suicide ne manquent pas, au point de sembler susceptibles de rendre compte d’une grande partie, voire de la totalité, du phénomène. On peut ainsi énumérer le coût économique du suicide pour la collectivité (à mettre en balance avec le coût de sa prévention), le coût affectif pour les proches, la dimension politique (faut-il ou non encourager publiquement le suicide, ou du moins certaines formes de suicide ?), la dimension esthétique (on peut en discuter, certains y voyant une fin élégante), la dimension religieuse (si notre corps est le don d’un Créateur, pouvons-nous en disposer à notre guise ?), la dimension psychologique (s’agit-il d’une pathologie ?) et la dimension sociologique (s’agit-il d’un acte individuel ou de l’effet d’une contrainte sociale ?). Bref, la sociologie, l’économie, la démographie, les sciences politiques, la psychologie, la psychiatrie, la psychanalyse, la théologie, voire la sociobiologie évolutionniste, ont assurément un espace de discours légitime sur le suicide. Mais la morale ? Il apparaît tout d’abord qu’une certaine perméabilité des discours ne permet pas d’exclure hâtivement la dimension morale là même où elle semble susceptible d’être dissoute. Ainsi, savoir s’il faut préférer le coût économique du suicide à celui de sa prévention n’est pas uniquement une question économique puisque sera formulée une réponse normative ambitionnant de limiter ou, au contraire, d’augmenter les libertés individuelle. De même, la composante psychologique du suicide et l’impact de celui-ci sur les proches impliquent une interrogation morale aussi bien sur la capacité d’un individu de décider de façon non-pathologique de la poursuite ou de la cessation volontaire de sa vie que sur la question de l’assistance : devons-nous, en la circonstance, aider autrui à accomplir sa volonté, ou bien l’en empêcher ? Parvenir à dissocier, dans le suicide, ce qui relève effectivement d’une sphère d’interrogations non-morales de ce

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