En quoi « la chevelure relève-t-elle du registre fantastique ?
Parue vers la fin du XIX ème siècle, « La Chevelure » est une nouvelle fantastique écrite par Guy de Maupassant. Son atmosphère mystérieuse et fascinante emporte le lecteur avec subtilité. On peut alors se pencher sur les facteurs qui font de ce texte un récit fantastique. En jouant sur les contrastes entre la dure réalité d’un asile et la narration d’actes étranges qui laissent perplexe, l’auteur atteint progressivement les émotions du lecteur. C’est aussi possible grâce à une mise en parallèle d’éléments plausibles d’un côté, et de faits faisant penser à une apparition mystique d’un autre, troublant peu à peu l’esprit du lecteur qui, partagé entre rêve et réalité, achève la lecture avec un sentiment de tourment et de bouleversement.
Pour commencer, l’une des règles fondamentales du registre fantastique est l’apparition de l’irréel dans un environnement tout à fait banal. La structure-même de ce texte met clairement en évidence ces deux atmosphères : c’est un récit enchâssé. Les trois premiers paragraphes et les vingt dernières lignes situent l’histoire dans un milieu réaliste : un asile de fous, où le narrateur et un médecin discutent à propos d’un des détenus. Le reste est en fait un extrait du journal tenu par le fou. Ce procédé permet à l’auteur de nous transférer dans un milieu propice à la survenue de phénomènes surnaturels sans que l’on ne s’en aperçoive et dont les « frontières » sont marquées par les phrases : « Voici ce que contenait ce cahier : » et « Le manuscrit s’arrêtait là ». Tandis que, l’étrange surgit peu à peu avec son champ lexical (« mystère », « étrange », « invisible », « impalpable » etc.) dans le récit du narrateur. On a alors le pressentiment que quelque chose d’inhabituel va faire irruption dans l’histoire et la peur et l’angoisse nous gagnent. Mais le suspens persiste jusque durant le début de l’extrait du journal dans lequel le fou nous présente sa vie