En foyer
Fabien vient d'arriver au foyer d'hébergement, du haut de ses 19 ans, c'est un amoureux des nouvelles technologies, bien dans son époque, il ne quitte pas son baladeur MP3 ,et son portable reste toujours au creux de sa main comme si un coup de téléphone imminent allait arriver.
Même si Fabien est un jeune courtois et bien élevé, quand il participe à la vie du groupe, il reste connecté à ses appareils électroniques comme une canne qui lui servirait à marcher dans ce nouvel espace inconnu et ses doigts s'agitent sans cesse sur son clavier au risque d'endolorir ses pouces devenus experts en SMS.
Nous avons laissé Fabien s'habituer au foyer, aux diverses personnes qui l'entouraient , éducateurs et résidents tout en essayant d'instaurer un climat de confiance propice au dialogue, mais le seul lieu ou il accepte de communiquer un peu , c'est son espace intime, sa chambre, perdue au deuxième étage, loin de l'agitation.
Au fur et à mesure des jours passés en sa compagnie, Fabien en est venu à me parler de son désir très fort de vivre une relation amoureuse, pour le plaisir sexuel bien sûr, celui qu'il appelle le « divertissement » mais aussi dans une envie de normalité très forte, être en couple, comme un aboutissement de sa nouvelle vie d'adulte.
Nos liens se resserrent et nous avons décidé depuis une semaine que désormais nous ne discuterions que s'il éteignait son baladeur afin de mieux nous entendre. Au départ Fabien fut un peu décontenancé, il serrait encore plus fort son portable mais maintenant, il parle plus tranquillement comme un peu apaisé.
Un mois a passé, Fabien est toujours en retrait au sein du groupe, je sens que les moments de vie commune sont pour lui source de souffrance, il reste le spectateur de ces instants et je commence à désespérer qu'il vive des moments agréables en dehors de nos discussions quotidiennes et de plus, l'équipe est de plus en plus exclut de la communication.
Avec le temps, notre rituel du soir vire à