poésie selon Bonnefoy, il convient de se familiariser avec quelques notions. Ce qui différencie le concept du concret, c'est que le premier, à savoir l'idée, est immuable et intemporel, tandis que le second évolue, se transforme, et meurt ( c'est ce que Bonnefoy appelle la finitude du concret par rapport à l'abstrait) Ainsi, pour un reprendre développé par Yves Bonnefoy dans L'enjeu occidental de la poésie, l'idée que l'on se fait d'une fleur est toujours le même, idée qui s'apparente à l'image de la fleur dans le livre du botaniste, alors que la réalité de la fleur est tout autre, elle grandit, elle s'épanouit, elle fane. Ainsi, le concept appréhende-t-il un aspect de la réalité de la fleur, sa forme, sa couleur, mais de manière abstraite, c'est-à-dire sans que nous ayons une relation sensorielle à la fleur, tandis que j'appréhende la fleur réelle, par mes yeux qui vont enregistrer sa forme, sa couleur, par le toucher, pour connaître son aspect, doux, velouté, rêche, par mon odorat pour déterminer son odeur, s'il s'agissait d'observer un arbre, je pourrais aussi l'appréhender par l'ouïe grâce au bruissement des feuilles. Par ailleurs, le concept détache l'objet ( ou l'être) de son contexte, Bonnefoy explique que l'anémone a pour voisine la pâquerette, dans la même page du livre du botaniste, ou tout simplement que l'idée que je me fais de la fleur est isolée alors que la réalité de la fleur est tout autre, la fleur que je vois est dans un pré, dans un vase, à telle saison et pas à telle autre, tantôt à l'ombre, tantôt au soleil ou sous la pluie... " Hic et Nunc" ( ici et maintenant ), il s'agit d'une perception immédiate et naturelle du réel : " La rose du botaniste côtoie dans le manuel l'églantine, sa parente, et c'est à jamais. La rose en tant qu'existence avoisine, elle, et pour quelques jours seulement, quelques tulipes mais aussi bien ce vieux mur ou cette fontaine dans un certain jardin , et là seulement." ( L'enjeu occidental de la