Electre
« J’ai épousseté le buste d’Electre » déclara t-il en 1937 à la sortie de sa pièce de théâtre du même nom. Une phrase qui peut sans doute s’interpréter en deux temps : d’une part, le respect de la tradition antique comme « base » de sa pièce expliqué dans une première partie, d’autre part, la modernisation originale du mythe développée dans une seconde partie.
L’auteur respecte la tradition antique par la métaphore d’un buste lourd en marbre ou de pierre, un buste immortel qui survit à travers les âges, l’histoire horrible et tragique d’Electre et de sa famille.
En effet, le poids de la légende des Atrides est incontestable, un mythe ancien et éternel dont se sont inspirés de célèbres poètes tragiques de la Grèce antique comme Eschyle, Sophocle et Euripide. Des auteurs qui ont su faire ressortir l’horreur de la mort (diégésis racontant dans les moindres détails l’assassinat d’Egisthe et de Clytemnestre) tout comme l’a fait Giraudoux dans la scène 9 de l’acte II où le matricide s’apparente à un crime bestiale (répétition du verbe saigner quelqu’un). On retrouve bien cette histoire de famille compliquée, conflictuelle entre passion, mensonges et vengeances, annoncés dès la scène d’exposition « le premier roi d’Argos, tua les fils de son frère », « Cassandre fut étranglée », « La reine Clytemnestre a mauvais teint. Elle se met du sang. » …
Electre, l’héroïne éponyme a ce côté mystérieux que lui ont attribué les légendes antiques, elle semble sourde et muette telle une statue. Elle vit dans l’attente et isolée de tous. Ce mal-être lui vient de la mort d’un père qu’elle aimait pathologiquement. Aujourd’hui elle est « la veuve de son père » avec cet amour reporté sur son frère : elle éprouve pour lui le sentiment qu’une femme a pour son mari «Oreste chéri »