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La Hongrie d’Orban, cet avatar européen
Depuis son retour au pouvoir, Viktor Orban n’a cessé de fouler au pied les valeurs européennes. L’éditorial de Pascal Martin.
A la veille du Grand Elargissement européen, le camp de réfugiés de Györ, à l’ouest de la Hongrie, avait brièvement ouvert ses portes. Son directeur s’amusait beaucoup de cette « clientèle colorée » qui lui revenait comme une balle de jokari après s’être heurtée à la frontière autrichienne toute proche. « Bien sûr, nous ne pouvons pas tirer dessus », avait-il raillé en désignant un trio de Congolais qui avaient échoué dans l’ancienne caserne. Africains et Asiatiques y remplaçaient désormais les réfugiés des guerres d’ex-Yougoslavie.
Une quinzaine d’années ont passé. Entre-temps, la Hongrie est devenue un Etat membre de l’UE. Un Etat qui a pour mission de surveiller un tronçon de la frontière orientale du grand ensemble supranational. Quiconque la franchit a accès à l’espace Schengen et à sa liberté de mouvement. C’est une lourde responsabilité.
Cette réalité, Viktor Orban a évidemment beau jeu de la mettre en avant lorsqu’il lui est reproché de manquer d’humanité. Car non contente d’avoir dressé un mur sur sa frontière avec la Serbie, la Hongrie a décidé hier d’en construire un autre, cette fois pour se garder de l’afflux de migrants venant de Roumanie. Un Etat membre se protège ainsi des « carences » d’un autre Etat membre, lequel a pour tare de ne pas faire partie de Schengen : l’Europe se prend les pieds dans son mikado. Pour ajouter à ce non-sens, 60 migrants ont été arrêtés par la police hongroise au motif qu’ils ont endommagé des barbelés.
Depuis son retour au pouvoir, Viktor Orban n’a cessé de fouler au pied les valeurs européennes, celles-là mêmes qui ont autrefois permis à ses compatriotes fuyant le communisme de trouver refuge en Occident.
Cette attitude n’agite plus vraiment la « Vieille Europe ». Punir Orban – mais comment ? – reviendrait à sanctionner ceux qui l’ont élu et à