Ecriture d'invention
Mes semelles de vent m’emmènent partout. Les gens s’appellent personne et les lieux nulle part, ici s'appelle ailleurs et la haine s'appelle amour.
Longtemps j'ai marché ce jour là.
Cela ne représentait rien à l'image de ce que j'avais entrepris. Vingt ans que je cherche ce qui ne se trouve pas, vingt ans que je voue ma vie à un seul but, vingt ans voué dans une seule quête, la quête du poète.
La quête du poète ne se résume qu'en une seule chose, l'inspiration.
L'inspiration, on peut la croiser n'importe quand, n'importe où, n'importe comment.
L'inspiration, je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, l'espace d'un instant. Heureuse coïncidence ou malheureux destin, c'est en cet instant que j'ai aussi croisé l'amour pour la première fois.
Au fur et à mesure que je marchais, l'inspiration s'éloignait au loin tandis que le désespoir ce rapprochait à grand pas.
Vingt ans que je n'ai rien écrit, pas une seule phrase, pas un seul mot, pas une seul lettre.
Longtemps j'ai marché ce jour là et je ne sais par quel miracle mais l'amour a resurgi.
Assis au creux d'un rocher, le dos appuyé contre la roche, mon cahier de bristol noir dans une poche et ma plume dans l'autre.
La nuit était noire.
Seule la lune, pleine, m'éclairait. En haut de la falaise, je voyais l'éclat de la lune se refléter sur l'eau sombre.
A ma gauche, l'obscure forêt me regardait de son œil noir alors qu'à ma droite gisait la plage.
L’océan était semblable aux diamants que portait cette fille en ces temps immémoriaux.
Le chapeau noir qu'elle portait, la forêt noire me regardait.
La robe camel qu'elle avait, la plage ici à jamais.
La lune signifiait son visage, étincelant à tout âge.
Tout me faisait penser à elle et elle me faisait penser à tout.
Vingt ans que je n'avais pensé à elle, vingt ans que je n'avais rien écrit.
L'inspiration, je l'ai trouvée, derrière la lune, elle se cachait. L'amour surgit tel la foudre.
Il ne me restait plus qu'une seule chose à faire,