Ecriture d’invention.
Cyrano de Bergerac, Les Etats et les Empires du Soleil, 1662.

Mesdames et messieurs les oiseaux, je tiens tout d’abord à vous dire que je conçois votre haine à mon égard. Et croyez bien que je ressentirais la même envers moi si j’étais à votre place. Car oui, je suis bien un homme… Un sot, un fou, un vilain ou encore un galeux, appelez moi comme bon vous semblera. Cependant, laissez-moi, je vous prie, vous expliquer ce que je pense et ce que vous penseriez si vous étiez à ma place :
Pour commencer, je voudrais réfuter le premier argument de Guillemette la Charnue qui fait une description acerbe du genre humain, cherchant à démontrer que l’homme est une créature repoussante : « Il est plumé comme un galeux », « il pleure comme un sot »…
Elle manque de tolérance car elle trouve tous les hommes laids sous prétexte qu’ils sont différents d’elle. Alors que nous, les hommes, savons reconnaître la beauté d’un animal étranger à notre espèce, qu’il soit recouvert de plumes, de poils, ou même d’écailles, tandis que nous pourrions tout aussi bien déclarer que l’oiseau est « plein de plumes », et le trouver repoussant à ce titre.
Après cette critique physique de l’homme, elle s’en prend à son intelligence, selon ses propres mots : « Il a une quantité de petits grés carrés dans la bouche qu’il n’a pas l’esprit de cracher ni d’avaler ». Nous avons ici la preuve qu’elle n’a même pas cherché à comprendre le fonctionnement du corps humain, sinon elle aurait su que les « petits grés carrés » dont elle parle se nomment des dents et qu’ils sont nécessaires à la survie d’une personne, puisqu’ils servent à mâcher les aliments. Cet argument ne permet donc pas de démontrer que l’homme manque d’esprit mais au contraire, il se retourne contre elle en mettant en évidence son manque d’analyse et de discernement.
Le deuxième point sur lequel je souhaiterais attirer votre attention est le rôle de dominateur que vous m’attribuez, comme par exemple lorsque Madame