Ecrit d'invention : monologue de la comtesse (le mariage de figaro)
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LA COMTESSE (seule, s'éloignant des valets préparant la salle d'audience) : Pourquoi ? N'y a t-il que ce mot qui puisse résonner dans mon esprit ? Pourquoi ? Les questions s’entremêlent et serrent mon cœur tel un étau. Que puis-je encore espérer à présent ? Où se sont donc envolées ces amours passées ? (elle remet en place sa coiffure, lisse les pans de sa robe) Est-ce ma beauté qui s'en va ? Ma jeunesse qui se tarie ? (elle soupire) Non, le problème vient de moi. De ma personne toute entière ! Il ne m'accorde plus un regard. Et le voilà qui meurt d'amour pour Suzanne ! Oh, je devrais mourir de jalousie, mais comment pourrais-je la blâmer, cette pauvre enfant ? (elle reste songeuse un instant) Que je regrette ces temps révolus ! Ah, Rosine, Rosine, il m'aura cherchée pendant des mois, pour me retrouver enfin, ne laissant jamais s'échapper de son esprit l'image qu'il avait de moi... Il aura inventé mille artifices, ce Lindor, ne serait-ce que pour me lancer un regard, pour m'accorder une missive, pour enfin me marier ! Et tous ces affolements effrontés n'aboutissent donc qu'à ce néant grandissant, qu'à cette ignorance, cette ignorance doucereuse, camouflée par une attitude de mari bienveillant... Mais au diable le mari, j'y préférais tellement l'amant ! L'amant qui me voulait moi, moi seule, de toute son âme, m'épiant à ma fenêtre, l'esprit embrumé par de malignes amours ! Oh, qu'elles le tourmentaient, faisant bondir son cœur à ma vue ! Elles lui auraient fait feindre toutes les attitudes pour tromper mon tuteur ! Que d'espoir j'avais en le regardant, ses yeux posés sur moi, témoignant de toute l'affection qu'un homme aurait pu m'accorder... Et quel homme ! Le Comte Almaviva ! Où est donc passé cette étincelle dans son regard, qui m'aurait emmenée n'importe où... Oui, qu'importe, puisque je n'aurais jamais douté de son amour ! (elle tombe assise) Et nous y voilà à présent... Le désespoir me gagne. Que d'espoir, que d'espoir ! Terrible naïveté de ma jeunesse de