Ecrit d'invention le rouge et le noir
26, cours de la Martinique
A Bordeaux
Chère amie,
Toutes les femmes fondaient en larmes… Voici la réaction de mes consœurs après ce procès si émouvant de mon agresseur Julien Sorel, avec lequel j’entretenais pourtant de très bonnes relations avant ce terrible incident du 29 mai au cours duquel il a essayé de m’attenter.
Lors de ce procès, nous avons assisté à une argumentation très agile de l’avocat de Julien qui grâce aux sentiments très sincères de son client a réussi à émouvoir l’audience et par conséquent remporté son procès sur le plan moral.
Le magistrat a commencé sa prestation par l’expression des sentiments de l’accusé lors de l’exorde. A ce moment là, Julien a suscité l’attention du jury en expliquant une des causes de son geste, soit l’horreur du mépris. Il a ensuite défini sa situation en présentant son rang social ainsi que sa pensée au sujet de l’issue du procès, tout en rappelant au juge qu’il savait que la mort l’attendait.
La seconde étape de son plaidoyer a été le récit des faits qui se sont déroulés lors de cette fameuse journée du 29 mai. Dites-vous, ma chère, qu’il m’a qualifié de mère pour lui, ajoutant que j’étais la femme la plus digne de respect. Ces mots n’ont fait qu’accroître mon incompréhension quant à son geste. Il a ensuite qualifié son crime d’atroce et a avoué la préméditation de cet acte pour demander la peine de mort ce qui revenait pour son avocat à lui faire plaider coupable. Julien a ensuite qualifié ce crime de social car il se considère comme le représentant du peuple paysan rêvant comme tous les jeunes de cette classe de rejoindre la notre. C’est à ce moment là qu’une partie des personnes présentes dans l’auditoire ont commencé à avoir mal au cœur. Ceci est compréhensible car voir un homme à peine âgé d’une vingtaine d’années tenir ce discours avec tant de haine, et s’identifier à de nombreux jeunes m’a fait