Eau et agriculture es relations entre agriculture et ressources en eau constituent dans notre pays un facteur essentiel de la mise en cause des systèmes et techniques de production qui ont permis d'atteindre les niveaux de productivité très élevés que nous connaissons aujourd'hui. L'importance de ces relations comme moteur de la contestation du modèle d'agriculture dit productiviste résulte du fait qu'elles mettent en action conjointement plusieurs ressorts puissants de l'inquiétude de la mobilisation sociale. Par rapport à l'eau, l'agriculture apparaît en effet porteuse d'une triple menace : menace pour la disponibilité, ou le prix, d'une ressource dont l'abondance est une condition de notre mode de vie et de nombreuses activités économiques, menace pour la sécurité sanitaire de l'eau de boisson dans un contexte d'exigence de sécurité absolue de l'alimentation, menace pour l'environnement dont les milieux aquatiques sont une composante perçue comme particulièrement précieuse.
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Cette situation est le fruit d'évolutions concomitantes et interactives des processus productifs et de la sensibilité collective. Elles ont induit, particulièrement durant les deux dernières décennies, la diversification et le renforcement constant du questionnement relatif aux impacts de l'agriculture sur la ressource et les milieux aquatiques. Au plan quantitatif, l'accroissement très rapide des surfaces irriguées, qui ont approximativement triplé entre 1970 et 1995, et plusieurs épisodes de sécheresse climatique marquée, ont créé régionalement des situations de rareté et aiguisé des conflits d'usage. Les cas de la Charente et de la nappe de Beauce en sont des manifestations exemplaires. Malgré l'abondance globale de la ressource disponible à l'échelle du territoire national, ces conséquences hydrologiques locales ont conduit à diffuser la perception de l'importance des prélèvements qui sont nécessaires à la production irriguée. Il en résulte que l'impératif d'équité ou