Déviance et changement social
Introduction
En 1857, Charles Baudelaire - pour les Fleurs du Mal - et Gustave Flaubert pour - Madame Bovary - étaient traduits en justice pour offense à la morale publique (atteinte aux bonnes mœurs). Flaubert en sort acquitté mais Baudelaire est condamné, plusieurs de ses pièces censurées et lui-même privé de ses droits civiques. Aujourd’hui deux auteurs parmi les plus cités et respectés, Bret Easton Ellis et Michel Houellebecq peuplent leurs ouvrages de descriptions précises de scènes de meurtre ou de sexe sans que cela paraisse répréhensible. Un comportement considéré comme déviant et puni comme tel dans la société du second empire est devenu normal cent cinquante ans après. Que s’est-il passé durant ces années ? Comment et pourquoi la société a-t-elle évolué ? Quels sont donc les liens entre déviance et changement social ?
Le changement social est défini par Guy Rocher comme toute transformation observable dans le temps qui affecte d’une manière qui ne soit pas que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l’organisation d’une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire. Correspondent à cette définition du changement social des évolutions aussi diverses que l’introduction d’un nouveau mode de production (la division du travail étudiée déjà par Marx et Durkheim), l’émancipation des femmes, l’avènement de la démocratie (et l’égalisation des conditions selon Tocqueville) etc. La déviance quant à elle est un écart durable de conduite vis à vis des normes socialement établies, pouvant susciter la réprobation de l’entourage et de la collectivité en général. Caractériser un comportement de déviant suppose : - l’existence d’une norme (i.e. un modèle de conduite qui oriente le comportement en société) ; - que ce comportement transgresse la norme ; - un processus de stigmatisation de cette transgression (sanction d’ordre juridique ou social).
Il convient en effet de distinguer la