Décors/corruption de florence
Même si la grande majorité des scènes de Lorenzaccio (33 des 38 scènes) se déroulent à Florence, la multiplicité des lieux est une des raisons majeures de la difficulté de représenter le drame de Musset sur scène. Le choix du décor – et a fortiori quand il va s’agir d’un décor unique comme dans la mise en scène de J.-P. Vincent au Palais des Papes à Avignon – se révèle alors primordial. Justement, ce metteur en scène a finalement laissé de côté une idée de décor représentant Florence comme une « ville boueuse, détruite par des bombardements, encore en souffrance, cernée de barbelés », pareille à « un vieux cinéma d'Italie fasciste ou d'Europe centrale en guerre » pour un décor composé au sol d’une marqueterie de marbre entourée sur les murs par une large bande représentant un embrasement. En voyant cette hésitation, on peut se demander si le décor de Lorenzaccio peut et doit rendre compte de la décadence de Florence.
Si l’on excepte les mises en scène les plus anciennes qui cherchent à rendre de façon réaliste le plus grand nombre de lieux possibles au prix de coupures et regroupement de scènes, la grande majorité des mises en scène depuis 1950 choisissent un décor unique : « pour représenter tel ou tel de ces lieux, on se contentera d'une draperie d'or, d'un domino, d'un fauteuil, d'un calvaire, d'un confessionnal, d'un tableau, d'une épée ; le costume, le mouvement et la distance entre les acteurs feront le reste ». Et de fait, ce décor unique, où viennent s’imprimer les connotations des objets, donne souvent l’idée de destruction ou de décadence de cette Florence « noyée de vin et de sang » (III, 3), lieu de débauche et de prostitution pour le Duc et Lorenzo (I, 1 et I, 4). Les cubes gris permettent de modeler différents espaces au gré de la pièce et donne une « impression d’un monde où règne l’incohérence ». Ce décor, comme le souligne la critique, rend bien « un pressentiment de