Le débat des 35 heures soulève la question de la réduction du temps de travail (RTT) entrée en vigueur au début du XXIème siècle, et plus généralement la perception du « temps » dans les sociétés contemporaines. La notion du « temps » expliqué d’un point de vue sociologique est très complexe à étudier, et il ne me paraît pas judicieux d’en rendre compte ici. Cependant, pour un besoin de compréhension, il est pertinent, avant de se lancer à proprement parler sur le débat des 35 heures, de souligner l’avènement de la mise en place du « temps » dans les sociétés contemporaines, s’articulant autour d’une organisation capitaliste. En effet, c’est la société industrielle urbaine, qui s’épanouit au cours des XIXème et XXème siècles, qui, à la différence du monde rural, segmente les temps, les temps du travail (découpage taylorien des gestes ouvriers) comme les temps de la vie (institutionnalisation de la scission entre périodes d’activité et de repos). Comme l’affirme Michel Lallement , ce rapport au temps s’est instauré dans l’affirmation de la société industrielle, au sein de laquelle le travail occupait une place de choix dans la façon de construire et d’identifier les individus et les classes sociales. Dans ces sociétés de la fin du XIXème siècle, le travail s’est érigé comme un puissant levier d’intégration, comme l’a étudié Emile Durkheim . Avec l’avènement des sociétés industrielles, nées de la révolution industrielle, est apparut une nouvelle forme d’organisation du travail, le salariat. Les individus désertent les campagnes pour se ruer sur les emplois de la ville. Cependant, ces nouveaux travailleurs salariés sont très pauvres et marquent une rupture avec l’artisan ou l’agriculteur, qui possèdent, selon la terminologie Marxiste, ses propres moyens de production, qui sont ses outils. Le salarié n’écoule pas lui-même sa production. Il se contente de la vendre, ce que Marx nomme comme sa force de travail, effectuée sur un marché libre. Cette notion de