Du gaullisme de guerre au gaullisme politique
C'est à cette époque en effet qu'on voit se séparer progressivement du général de Gaulle une grande partie de ceux qui ont formé le groupe des gaullistes de la Résistance, les gaullistes historiques, et qu'on aboutit à la définition d'un gaullisme politique, celui du R.P.F., par retranchement par rapport au précédent. Ceci bien que ce retranchement n'oblitère pas pour autant le souvenir du gaullisme de guerre ce qui contribue à rendre les choses plus complexes qu'il n'y paraît d'abord.
Cette période est bien connue, parce que de nombreux témoins ont livré leurs souvenirs à commencer par le général de Gaulle lui-même qui, à travers ses Mémoires de guerre et ses Mémoires d'espoir, a dit ce qu'il souhaitait que l'histoire retienne de lui, de son attitude, du comportement de ceux qui l'entouraient pendant cette période, et, comme il est légitime, la méthode des historiens consiste à pratiquer le doute méthodique sur ce type de témoignages même venant du général de Gaulle. Aussi aujourd'hui le temps est-il venu des tentatives de synthèse et des travaux historiques.
Les deux qu'il faut citer sur cette période, même si ce choix est injuste et trop restreint, sont d'une part, le second tome de la biographie du général de Gaulle par Jean Lacouture qui couvre cette période, tient compte de l'ensemble des travaux, des réflexions, des mémoires parus sur cette question, qui prend parti, tranche, mais en exposant assez largement les pièces du dossier. L'autre livre, plus universitaire est celui de Jean Chariot, le gaullisme d'opposition, qui examine en particulier les circonstances de la naissance du R.P.F.
A partir de ces sources désormais nombreuses, de ces témoignages parfois contradictoires et entre lesquels il est difficile de trancher, j'essaierai d'évoquer à mon tour les principales pièces de ce dossier en essayant de déterminer dans cette évolution du gaullisme de la Résistance au gaullisme politique, trois temps