Doit-on tolérer l'intolérance ?
Faut-il admirer ceux qui tolèrent le mieux les pires maux ? Ceux qui, par exemple, voyant leur pays occupé, ne font rien pour en chasser l’envahisseur ? Les Résistants sont, à proprement parler, intolérants ; mais est-ce bien parce qu’ils n’ont pas assez de qualité d’âme pour laisser l’occupant jouir de leurs biens ?
Le problème de la tolérance apparaît dans toute sa splendeur dès qu’on la voit se mordre la queue : celui qui tolère l’intolérance, l’intolérable, tolère ce qu’il désapprouve et ce qui le menace. Ce n’est pas être neutre, c’est être complice : c’est accepter que le crime soit commis quand on aurait pu l’empêcher. C’est, paradoxalement, approuver ce qu’on dit désapprouver, accepter dans les faits ce qu’on refusait en théorie, donc se rendre responsable par son consentement. Perverse licence pouvant conforter chacun dans son incivisme, dans son immoralité, dans ses erreurs ! Mais qui a raison ?
Faut-il être sceptique pour être tolérant ?
On peut se répéter qu’il faut laisser toute personne maîtresse de son destin, même si elle se trompe