Le repérage des passages dialogués a révélé la présence de trois interlocuteurs importants, le cardinal, Las Casas, Sépulvéda, auxquels rajoute la voix d’un moine. La présence d’un narrateur se voit à ses interventions pour signaler qui parle, par l’utilisation de verbes de parole situés dans des propositions incises demande le légat, dit Sépulvéda, demande-t-il à Sépulvéda, répond patiemment le prélat, dit Sépulvéda… Ce narrateur est aussi celui qui prend en charge les éléments du texte qui ne se rattachent pas au dialogue : rapportant le comportement de Las Casas et sa manière d’être constamment au bord de la colère ; rapportant aussi une intervention du cardinal ; analysant le silence de Las Casas, puis, la manière dont il reprend la parole brusquement. La dernière ligne, enfin, clôt le passage sur un acquiescement du cardinal.
Ce repérage, qui peut paraître fastidieux, mais qui peut être fait directement sur le texte (surlignage), fait apparaître une succession rapide de questions et de réponses, ou de répliques qui s’enchaînent, avec assez peu de récit intermédiaire. Lorsque le narrateur intervient, il se montre omniscient: il précise une attitude ou l’explique, et l’on peut remarquer que sauf au moment où il rapporte les paroles du cardinal, au discours indirect, ce qu’il dit correspond tout à fait à ce que pourraient être des didascalies théâtrales. Ces remarques conduisent à identifier le texte comme un véritable dialogue au style direct, non pas rapporté, mais se déroulant sous les yeux du lecteur devenu spectateur de la