Dans ces deux extraits, les travailleurs pensent que l’accomplissement de leur travail n’arrive à rien. Chez Camus, accomplir le travail d’une vie est interpréter comme une tâche interminable, une punition : « Il avait pensé […] qu’il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir. » (l.2 et l.3) L’utilisation des mots péjoratifs « terrible » et « inutile » viennent accentuer le travail difficile qui est sans issue. De plus, l’accomplissement du travail est fait de façon …afficher plus de contenu…

Chez Prévert, la condition humaine par l’accomplissement d’un travail qui n’aboutit à rien se manifeste par l’absence de voir ce qui est beau : « De deux choses lune / l’autre c’est le soleil / les pauvres travailleurs ne voient pas ces choses / leur soleil c’est la soif la poussière la sueur le goudron / et s’ils travaillent en plein soleil le travail leur cache le soleil / leur soleil c’est l’insolation » (v.1 à v.6). La répétition du mot « soleil » renforce l’idée répétée que même la venue du soleil qui devrait ouvrir leur horizon leur rappelle plutôt la soif, la sueur, le travail synonyme des jours qui se succèdent et qui sont …afficher plus de contenu…

Dans le texte de Camus, Sisyphe commence à voir la vie autrement, il échappe à sa condition, il se montre plus fort que le sort qui lui est réservé: « Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l’étendue de sa misérable condition : c’est à elle qu’il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n’est pas de destin qui se surmonte par le mépris. » (l. 29, 30). L’utilisation des mots « impuissant », « révolté » et « misérable » à connotation péjorative vient accentuer le pouvoir qu’ont les dieux sur sa condition