L’art sort avant tout de l'imaginaire de l'homme. Depuis la nuit des temps, celui ci a trouver des moyens pour exprimer ses émotions et ses idées internes. D'un autre côté les philosophes comme Platon et Aristote s'interrogeait sur son fondement, son rapport au monde et à la réalité. Pour Platon, ce n'est qu'une copie du réel, mais Aristote le défend car à travers l'imitation, nous pouvons voir de véritables critiques et révélations sur ce qui nous entoure. Le théâtre pose en effet de manière particulièrement cruciale la question de son rapport au monde : le théâtre est-il une représentation fidèle ou une vision déformée du monde ? Est il un miroir qui le reflète ? Le théâtre entretient sans aucun doute un rapport privilégié avec le réel, qui est ce qui est représenté sur la scène. Mais cette représentation ne saurait avoir lieu sans le filtre que constitue le double regard de celui qui crée le spectacle et de celui qui y assiste. Ainsi l’art théâtral passe-t-il par une nécessaire déformation du réel, qui n’est peut-être que la tentative pour donner forme au monde, envisagé non comme objet mais comme devenir.

I) Mirroir du réel.

A) Dimension physique

Représentation en 3 dimensions devant le spectateur, contrairement au roman dans l'imaginaire ou la poésie qui n'est qu'une voix, une musique.
En effet, parmi les différents genres littéraires, et même parmi les différents arts, il est le seul à atteindre l’épaisseur physique, vivante du réel. Mieux encore : ces corps évoluent dans un décor, ils ont des vêtements, tiennent des objets, s’assoient sur des sièges, habitent un espace. Pour représenter le dernier acte du Songe d’une Nuit d’Eté de Shakespeare, il faut un « palais », celui de Thésée. Il est besoin également de « trompettes » pour la fanfare, et même d’un « papier », précise l’auteur dans une didascalie. A cela il est nécessaire d’ajouter les multiples costumes, conformes à la fonction des personnages, roi, reine, nobles, danseurs, et les acteurs