Dissertation sur amphitryon 38
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De la grande discussion au saut du lit entre Alcmène et Jupiter, à la scène 2 de l'acte II d'Amphitryon 38, on retient surtout d'ordinaire ce qu'Alcmène dit de la mort afin d'expliquer à Jupiter pourquoi elle refuserait de devenir immortelle. Et, en effet, cette page où apparaît toute la profondeur du fossé qui sépare Alcmène et Jupiter, l'être humain qui assume pleinement sa condition et le maître des dieux, constitue incontestablement le sommet de la scène. Aussi a-t-elle été plus d'une fois commentée . Mais, si la scène 2 de l'acte II nous offre avec cette page un des moments les plus graves de la pièce, et peut-être même le plus grave, bien que l'humour y conserve ses droits, elle nous en offre aussi un des moments les plus plaisants, et peut-être même le plus plaisant. Car rien n'est plus divertissant que de deviner le dépit de Jupiter, lorsque, s'exclamant, avec une conviction qu'il croit pleinement partagée : « Quelle nuit divine! », il s'entend répondre par Alcmène que la nuit qu'elle vient de passer ne lui a en aucune façon paru divine et que c'est même, depuis qu'elle est mariée, la première fois que pareille chose lui arrive. Le dieu a déjà subi une légère déconvenue, la veille au soir, devant le balcon d'Alcmène, lorsque, sous les traits d'Amphitryon censé être revenu de l'armée en secret, il s'était présenté à elle comme son « amant » . Mais Alcmène, croyant bien entendu que son mari voulait plaisanter, s'était obstinément refusée à lui ouvrir sa porte tant qu'il n'aurait pas reconnu être son époux, et Jupiter avait dû finalement céder: « Il faut bien me résigner à le dire. Je suis ton époux » . Mais il comptait bien que la nuit lui permettrait d'effacer ce petit échec et qu'au lit l'amant divin saurait bien faire oublier le mari mortel. Pourtant l'attitude et les propos d'Alcmène, le lendemain matin, vont bien vite lui apprendre non seulement que l'amant n'a pas fait oublier le mari, que le dieu n'a pas fait oublier l'homme, mais qu'au contraire