Publié en 1802, René tisse des liens étroits à une époque où Chateaubriand éprouve lui-même « un vague de passions », où l'"on est désabusé de tout sans avoir usé de rien" si bien que l'"on habite un monde vide avec un coeur plein", commun aux intellectuels de sa génération et qui préfigure le mal-être de la jeunesse romantique, avivée, qui plus est, par le "mal du siècle". Chateaubriand, Constant, Senancour sont de ces auteurs pré-romantiques qui donnèrent naissance à de jeunes héros dévorés par le vague des passions, un ennui et un dégoût maladifs de la vie à un âge où le coeur déborde des plus belles passions. Le jeune-homme civilisé devient "habile sans expérience" puisqu'il peut appréhender les sentiments humains par les livres et non par la vie. Désenchanté, il voit ainsi le feu des passions s'éteindre avant qu'il n'ait pu s'embraser. En outre, la femme, par sa nature excessive, craintive, inconstante et l'incertitude de ses sentiments, entraîne les jeunes hommes dans la mollesse de leurs passions à mesure qu'ils fréquentent leur société. Ainsi, les anciens, séparés des femmes dans les activités du quotidien, avaient l'esprit moins trouble et une énergie disponible à l'exercice de leurs passions.
Ce récit souligne les nombreuses correspondances entre la nature et le héros au tempérament romantique qui semble dominé par des forces qui le dépassent, dans un contexte teinté de mysticisme.
Ce roman est un récit d’inspiration autobiographique. L’enfance de René est inspirée de celle de Chateaubriand qui vécut loin de son foyer et était d’humeur solitaire. Cependant ce roman est une fiction malgré les ressemblances entre l’auteur et le personnage