QU’EST-CE QUI PERMET D’AFFIRMER QU’UNE LOI EST JUSTE ?
Introduction : Il semble très difficile voire impossible de ne pas croire à la justice et d’affirmer qu’il n’y a pas de justice en ce monde, car une telle négation suppose une certaine idée de la justice d’après laquelle on juge de l’injustice présente. Kant disait que « même l’homme le plus dépravé gardait au fond de lui une conscience morale, un sens de ce qui est juste. » Le sujet nous interroge sur la légitimité des lois, sur ce qui les rend acceptables à une communauté d’hommes raisonnables. Il nous faudrait un critère pour distinguer les conditions d’une loi juste et de son contraire. Un tel critère existe-t-il ? I – L’Hétéronomie
Toutes les sociétés ont cru leurs lois justes parce qu’elles s’originaient en Dieu ou dans la nature, ces puissances transcendantales conférant aux lois leurs caractères inflexible et sacré. Ne pas leur obéir, c’est s’exposer au pire des châtiments puisque c’est offenser Dieu lui-même. Ainsi, la loi est coercitive (contraignante), non du fait des hommes, mais parce que le divin en est l’auteur. On nomme hétéronomie l’obéissance à une loi qui s’impose de l’extérieur aux individus force à laquelle ils n’ont pas d’autre attitude que de se soumettre. On remarque l’extraordinaire variété des lois, et comme le faisant remarquer Pascal : « vérité au-delà des Pyrénées ; erreur en-deçà ! » Ce que les hommes appellent « juste » varie de façon contradictoire, au point que l’on est en droit de se demander si Dieu en est la source.
En Grèce, ce sont les sophistes qui furent les premiers à reconnaitre le caractère conventionnel de la loi, désacralisant ainsi son origine.
A la différence de nos ancêtres, nous avons conscience que nos lois ne viennent ni des dieux, ni de la nature, mais de nous-mêmes. L’Histoire nous a enseigné l’extrême relativité des lois, relativisme qui peut déboucher sur un scepticisme qui considérait que toutes les lois se valent dès lors que des communautés y